lundi 6 octobre 2008

The Lion in Winter



THE LION IN WINTER
Avec : Glenn Close (Aliénor d'Aquitaine), Patrick Stewart (Henri II Plantagenêt), Julia Vysotskaia (Alais), Jonathan Rhys Meyers (Philippe de France), Andrew Howard (Richard), John Light (Geoffroy) et Rafe Spall (Jean)

En voyant la jaquette du DVD, on s'attend au pire. On se demande si l'on est tombé sur une énième pseudo-fresque médiévale pleine d'anachronismes, de belles princesses et de chevaliers, le tout à la sauce américaine pleine de musiques d'ambiance horripilantes et de sourire colgate total. Pas du tout.

The Lion in Winter est l'interprétation cinématographique d'une pièce de théâtre du même nom. On ressent fort bien ce côté théâtral dans le jeu d'entrées et de sorties des personnages et dans les façons des acteurs, beaucoup plus "grandiloquentes" et artificielles que dans une fiction ordinaire.

Loin des épopées et des romans de geste, The Lion préfère l'aspect psychologique des personnages. Ce film met en scène Henri II d'Angleterre en 1183, l'année de fin de son règne. Lors d'une cour de Noël, il doit désigner son successeur parmi ses trois fils : Richard (le futur Coeur de Lion), Geoffroy et celui qui sera Jean Sans Terre. Il convoque auprès de lui son épouse Aliénor d'Aquitaine, emprisonnée depuis dix années à Salisbury pour avoir tenté de le renverser.
Tout le film présente les intrigues d'Aliénor, les alliances et les complots visant à obtenir le trône, le tout sous l'oeil goguenard de Philippe, roi de France, magnifiquement interprété par ailleurs, qui prend part aux complots dans le but de récupérer toute l'Angleterre.

La propension des personnages à se détruire entre eux (notamment le flamboyant trio Aliénor-Henri-Alais) est remarquable et c'est un jeu de manipulation et de haine - parfois d'amour ! - qui s'engage. Les relations sont d'un glauque et d'un bizarre poussés à l'extrême, l'inceste est suggéré, l'homosexualité est latente jusqu'à un certain point. Le jeu des regards, des expressions et des gestes est bien celui que l'on voit dans les pièces de théâtre, aussi puissant et évocateur.

Quels mots cependant décriraient assez bien le jeu splendide de Glenn Close et Patrick Stewart qui sont merveilleusement accordés - pour mieux se déchirer ? Ils campent des personnages très attachants, le roi sardonique et impitoyable contre la reine manipulatrice mais au fond si fragile et avide de liberté. Les trois fils et Alais, la maîtresse du roi, ne sont pas en reste : Jean sait fort bien paraître idiot sans l'être, juste un peu trop affectueux, imulsif et honorable ; Geoffroy manipule tout le monde avec brio, fâché d'être le frère oublié ; enfin Richard est l'homme de guerre par excellence, froid et puissant, mais cachant de bien curieux secrets.

Malgré tous ces points forts, le film a à souffrir de quelques longueurs et d'anachronismes frappants. Tout d'abord, j'ai des doutes quant à l'existence de la fête de Noël à cette époque - ou du moins n'enroulait-on pas de guirlandes autour des rampes, à moins qu'on m'ait menti. De plus, quelques menus détails gâtent la crédibilité du film : des saltimbanques en pourpre, couleur réservée aux nobles ; des robes toujours parfaitement propres ; pas de véritable vieillissement des personnages en dix années ; des images sans grande qualité esthétique - loin d'être laides, mais sans âme - et d'autres légers soucis empêchent The Lion in Winter d'être un excellent film. Je ne le qualifierai que de très bon film tout à fait digne d'être vu que je recommande aux amateurs de théâtre et de relations très tourmentées.

Aucun commentaire: