vendredi 7 novembre 2008

V pour Vendetta


V pour Vendetta

Avec : Natalie Portman (Evey), Hugo Weaving (V), Stephen Rea (Finch).

Ce film a été peu apprécié lors de sa sortie en 2006 par les critiques qui lui ont fait un accueil déplorable : scénario vu et revu, mise en scène lamentable, message peu clair, tout a été dit. Et pourtant... et pourtant ce film reste pour moi l'un des petits bijoux du cinéma, un de ceux qui clouent le spectateur à sa chaise et le laisse sans voix.

Dans une Angleterre dominée par un régime totalitaire, Evey Hammond - une jeune femme parfaitement ordinaire - rencontre V, un mystérieux "justicier masqué" qui la sauve d'un viol. Dès lors les évènements s'enchaînent et mèneront la jeune femme à prendre part à la chute du régime qui maintient le pays sous son joug.

La première force de ce film réside dans sa scène finale, audacieuse et pleine de force, où l'on retrouve beaucoup de personnages marquants du film, morts parfois au cours du scénario. Beaucoup d'émotion, un message impressionnant : le tout fait frémir. Derrière V et ses idées révolutionnaires se cache n'importe quel quidam, n'importe qui, et c'est cela que le film veut faire passer : l'idée que chacun peut changer le monde s'il en a l'envie, le désir profond, s'il se donne les moyens d'y arriver.

Certains voient en V pour Vendetta une apologie du terrorisme, pour ma part j'y lirais plus volontiers une libération violente d'un joug qui l'a été tout autant. Pas un message nihiliste, plutôt celui d'un combat qu'il faut mener jusqu'à son terme, d'une nécessité parfois de cesser la passivité. Cependant, la première faiblesse du film réside dans le message qu'il transmet, un peu trop flou pour être parfaitement saisi par tous et surtout correctement interprété. De fait, chacun ne peut qu'émettre une hypothèse sur ce qu'il a ressenti, sur ce qu'il pense être le fond philosophique du film. Bien sûr, ce manque de clarté amène à se poser des questions, mais celles-ci ne trouvent pas (ou peu) de réponses.

V pour Vendetta est le récit d'un totalitarisme réaliste qui utilise l'humanité comme un laboratoire, qui rejette toute différence et choisit de diviser pour mieux régner : un scénario effectivement déjà vu et revu qui pourtant ne manque pas de vigueur grâce à la personnalité même de V. Rêveur, violent, anarchiste, extrêmiste, il utilise le prétexte d'un régime à détruire pour assouvir sa vendetta personnelle et refuse de faire partie du nouveau monde qu'il aura créé. Car il n'a pas sa place dans un monde libre et égalitaire où il n'a plus aucun but, plus rien à détruire, plus aucune raison de vivre. V est un personnage incroyablement fort joué à merveille par Hugo Weaving (Elrond dans le SDA, Mr Smith dans Matrix) qui, malgré son masque, réussit à faire passer un maximum d'émotion rien qu'en modulant sa voix et en utilisant une gestuelle réfléchie. On croirait voir le masque changer d'expression.

Natalie Portman est plutôt convaincante, même si sa prestation reste un cran en-dessous de celle de Weaving, elle reste aboutie et son personnage donne sans mal la réplique à V. La force de Portman réside dans son regard qui se fait extrêmement déterminé lorsqu'il le faut, accrocheur, bref une belle représentation du personnage d'Evey.

Au-delà du message, du scénario, de la réalisation, des acteurs, de la beauté graphique (une subtile alliance de noir, blanc et rouge, mon combo favori) bref de tous les détails techniques, il y a l'émotion. L'Emotion, même, que transmet le film : d'une violence rare (qui n'est pas sans évoquer la suggestion de Cabaret), terriblement poignante... On adhère ou pas, pour ma part je suis restée émue sur mon fauteuil pendant plusieurs longues secondes, scotchée. V pour Vendetta est un film intense se situant bien au-delà du juste milieu, l'effet qu'il produit également...

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